
Longtemps catalogué comme nuisible, le rat mérite pourtant qu’on s’attarde sur ses nombreuses qualités. Une récente vidéo de la chaîne Brut Nature nous offre un éclairage passionnant sur ce petit mammifère souvent mal-aimé, mais qui cache bien des surprises derrière ses moustaches frémissantes. Plongée dans l’univers fascinant de cet animal incompris, entre science et réhabilitation.
Une réputation à déconstruire
Le rat traîne depuis des siècles une réputation peu flatteuse. Associé aux maladies, à la famine et à la saleté, il représente dans notre culture occidentale tout ce qu’il y a de plus repoussant. Vecteur présumé de la peste noire qui a décimé l’Europe médiévale, sa simple évocation suffit encore à provoquer dégoût et crainte chez nombre de nos contemporains.
Pourtant, comme le souligne le documentaire, cette vision est loin d’être universelle. En Chine, le rat symbolise l’ambition et le charme, voire l’abondance. Au Japon, il est considéré comme un porte-bonheur. Dans l’hindouisme, il incarne même la sagesse, servant notamment de monture à Ganesh, divinité à tête d’éléphant. Ces représentations contradictoires illustrent à quel point notre perception des animaux est culturellement construite.
Contrairement aux idées reçues, le rat est un animal très propre qui consacre une grande partie de sa journée à nettoyer son pelage. Un rat qui néglige son hygiène est généralement un animal malade ou stressé. Cette information peut surprendre, tant nous associons spontanément le rat aux égouts et à la saleté. Mais comme beaucoup d’animaux, le rat fait preuve d’un instinct d’hygiène développé, essentiel à sa survie.
Un animal aux capacités cognitives impressionnantes
La vidéo de Brut Nature met en lumière les étonnantes capacités intellectuelles de ces rongeurs. Leur mémoire, notamment à long terme, est remarquable et comparable à celle de certains primates. Les scientifiques sont constamment surpris par leur intelligence adaptative et leur capacité d’apprentissage.
Ils sont capables d’apprentissages complexes, au point de pouvoir conduire une petite voiture spécialement conçue pour eux ou utiliser un écran tactile pour obtenir une récompense. Plus impressionnant encore, ils peuvent distinguer des formes géométriques simples, puis des images de plus en plus complexes. Ces compétences, qui peuvent sembler anecdotiques, leur sont en réalité essentielles pour survivre dans leur environnement naturel, où ils doivent se souvenir des sources de nourriture et des zones dangereuses.
Le documentaire souligne également que le rat partage avec l’humain un génome relativement proche, ce qui explique son utilisation fréquente comme modèle en laboratoire, notamment pour l’étude des maladies neurodégénératives. En France, ce sont entre 150 000 et 200 000 rats qui sont utilisés chaque année pour la recherche scientifique.
Leur queue, souvent source de dégoût pour beaucoup d’entre nous, joue un rôle crucial dans leur physiologie : elle leur sert de balancier lors de leurs déplacements sur des surfaces étroites et participe à la régulation de leur température corporelle grâce à ses nombreux vaisseaux sanguins. Cet appendice, loin d’être superflu, est donc un véritable outil de survie multifonction.
Des dents plus dures que l’aluminium
Une caractéristique biologique particulièrement remarquable du rat réside dans ses incisives. Ces dents poussent en continu tout au long de sa vie, ce qui oblige l’animal à ronger constamment pour les user. Plus étonnant encore, l’émail de ces dents présente une dureté de 5,5 sur l’échelle de Mohs, ce qui le rend plus résistant que le plomb, l’aluminium ou le cuivre. Cette particularité explique pourquoi les rats peuvent s’attaquer à des matériaux aussi divers que les fils électriques, le bois ou même l’asphalte.
Cette capacité à ronger n’est pas seulement une nécessité physiologique, elle constitue également un comportement apaisant pour l’animal. L’action de ronger aide le rat à gérer son stress, un peu comme certains humains se rongent les ongles en situation d’anxiété.
Une alimentation opportuniste
Le rat est un animal omnivore et opportuniste qui s’adapte remarquablement à son environnement alimentaire. En ville, il se nourrit principalement de nos déchets, consommant aussi bien des restes de sandwichs que des fruits, des légumes ou des pâtisseries. Cette capacité à tirer parti de toutes les ressources disponibles explique en partie son succès évolutif et sa présence sur presque tous les continents.
Mais cette adaptation aux déchets humains joue également un rôle écologique important. Le rat participe activement au recyclage de nos détritus, contribuant ainsi à la décomposition de matières organiques qui, sans lui, s’accumuleraient davantage.
Une cohabitation nécessaire mais encadrée
Si la présence de rats en ville peut poser problème, leur éradication complète n’est pas la solution. Ces animaux jouent un rôle écologique important en participant au traitement des déchets et à la décontamination des eaux d’égouts. Ils constituent également un maillon essentiel de la chaîne alimentaire urbaine, servant de proie à de nombreux prédateurs comme les rapaces ou les chats.
Comme le souligne l’expert interviewé dans le documentaire, “comme tout maillon d’une chaîne alimentaire, il vaut mieux essayer de le réguler plutôt que de l’exterminer.” Cette approche plus équilibrée reconnaît la place du rat dans l’écosystème tout en cherchant à limiter les nuisances qu’il peut occasionner.
Pour limiter leur présence chez soi, la vidéo recommande de restreindre leur accès à la nourriture et de boucher les potentiels points d’entrée dans les habitations. Ces mesures préventives sont souvent plus efficaces que les solutions curatives. En cas d’infestation avérée, il est préférable de faire appel à des professionnels qui évalueront la situation et proposeront des solutions adaptées.
Il est intéressant de noter que la visibilité accrue des rats dans certaines situations – comme lors d’inondations ou de perturbations de leur habitat – ne signifie pas nécessairement une prolifération. C’est souvent simplement le signe que leurs conditions de vie habituelles ont été perturbées, les forçant à se montrer davantage en plein jour.
Une reproduction explosive
L’une des raisons de la crainte qu’inspire le rat est sa capacité de reproduction impressionnante. Une femelle atteint sa maturité sexuelle dès l’âge de deux à trois mois et peut donner naissance à une centaine de petits au cours de sa vie. Cette prolificité explique pourquoi une petite colonie peut rapidement devenir problématique si les conditions lui sont favorables.
Cependant, la nature a prévu des mécanismes d’autorégulation. Les maladies, les prédateurs et la compétition pour les ressources limitent naturellement les populations. Dans les situations extrêmes, lorsque la nourriture se fait rare, les rats peuvent même recourir au cannibalisme pour réguler leur nombre, une stratégie de survie aussi brutale qu’efficace.
Une vie sociale riche et complexe
Le rat est un animal hautement social qui vit en colonie structurée. Il communique avec ses congénères par de multiples canaux : sons audibles et ultrasons (inaudibles pour l’oreille humaine), odeurs (notamment les phéromones) et comportements corporels complexes. Par exemple, un rat dominé se mettra sur le dos pour signifier sa soumission à un congénère plus fort.
Cette socialisation est si importante que les rats domestiques élevés seuls peuvent tomber en dépression. Un aspect crucial à prendre en compte pour ceux qui envisagent d’en adopter un comme animal de compagnie – il faudra toujours prévoir au moins une paire.
Leur organisation sociale inclut également des comportements altruistes et une forme de transmission des connaissances. Certains individus testent les nouvelles nourritures avant de transmettre l’information à leurs congénères si elles s’avèrent comestibles. Cette communication “museau à museau” permet de partager les découvertes alimentaires au sein de la colonie. Cette transmission de connaissances d’une génération à l’autre leur permet d’optimiser leur recherche de nourriture et d’éviter les dangers.
Le rat domestique : un compagnon attachant
Le documentaire aborde également la question des rats domestiques, dont la popularité comme animaux de compagnie ne cesse de croître. Contrairement à leurs cousins sauvages, ces rats spécifiquement élevés pour la captivité apprécient le contact humain et peuvent développer de véritables liens affectifs avec leurs propriétaires.
Pour leur bien-être, il est essentiel de leur fournir un espace suffisamment grand pour explorer et satisfaire leur curiosité naturelle. Un environnement stimulant, régulièrement modifié pour éviter l’ennui, est également nécessaire. Ces petits mammifères sociables nécessitent une attention quotidienne et des interactions régulières pour s’épanouir pleinement.
Les réactions du public : entre émerveillement et prise de conscience
Les commentaires sous la vidéo reflètent un véritable changement de perception. Nombre d’internautes témoignent de leur expérience positive avec des rats domestiques. L’un des commentaires les plus appréciés raconte même comment un rat a sauvé la vie de son maître en le réveillant alors qu’un incendie se déclarait dans son appartement : “Mon frère a eu la vie sauve grâce à son rat. Il y a 10 ans, bourré, il s’endort cigarette allumée sur la table du salon. Son rat l’a réveillé en couinant, en lui griffant et mordillant le visage ! Il a ouvert les yeux, les flammes étaient déjà dans tout le salon, et la fumée était partout. Sans son rat, il était mort.” Une histoire qui n’est pas sans rappeler celle des chiens ou des chats sauvant leurs propriétaires, et qui illustre la sensibilité et l’intelligence de ces animaux.
D’autres internautes se réjouissent de voir enfin un contenu qui présente le rat sous un jour favorable. Comme l’écrit @tricoloremedia : “Vidéo très intéressante merci ! Ça fait du bien de pouvoir voir le rat autrement qu’à travers l’image que certains ont de lui.” Un sentiment partagé par de nombreux spectateurs qui apprécient cette approche dépassionnée et scientifique.
Le commentaire de @lneb4402 aborde quant à lui une dimension éthique plus large : “J’ai eu de nombreux rats domestiques. C’est un animal très affectueux et intelligent. La façon dont on traite les rats sauvages est très cruelle mais peu étonnante au vu de la façon dont nous traitons les animaux d’une manière générale.” Cette réflexion, largement approuvée par les autres internautes, invite à repenser notre relation avec l’ensemble du monde animal, au-delà du seul cas du rat.
Plusieurs témoignages de propriétaires viennent également enrichir le débat, comme celui d’@adelinepaoletti4727 qui précise que ses rats vivaient en liberté dans son appartement sans causer de dégâts, ou encore @echecrap qui évoque avec tendresse le comportement apaisant de ses compagnons rongeurs lorsqu’ils “sortent leur yeux en se faisant les dents”.
L’humour n’est pas en reste, avec des commentaires comme celui de @pelucheries qui s’amuse des capacités de conduite du rat présenté dans la vidéo, ou celui plus sarcastique de @shakya00 qui écrit : “Cette vidéo est sponsorisée par la mairie de Paris”, une allusion à la présence bien connue de ces rongeurs dans la capitale française.
Certains commentaires plus critiques soulèvent néanmoins la question de l’expérimentation animale, pointant une certaine contradiction entre reconnaître l’intelligence et la sensibilité de ces animaux tout en continuant à les utiliser comme cobayes en laboratoire. @leiatula8806 remarque ainsi l’ironie de la situation : “‘Ils ont des capacités cognitives proches de l’humain, on étudie l’empathie etc…’ ‘Leur bien-être est vérifié tout au long des expériences’ dit-on après avoir laissé un rat enfermé dans une cage vitrée à se faire implanter des maladies dégénératives, des tumeurs, etc.”
Les différentes espèces : une diversité méconnue
Le documentaire rappelle qu’il existe des dizaines d’espèces de rats à travers le monde, mais que trois d’entre elles sont particulièrement répandues : le Rattus rattus (rat noir), le Rattus norvegicus (rat brun ou surmulot) et le Rattus exulans (rat polynésien). En milieu urbain, c’est principalement le rat brun que l’on rencontre, comme le confirme un commentaire d’un internaute qui semble familier avec ces distinctions.
Cette diversité est souvent ignorée du grand public, qui tend à considérer “le rat” comme une entité unique et homogène. Pourtant, ces différentes espèces présentent des caractéristiques et des comportements spécifiques, adaptés à leurs environnements respectifs.
Conclusion
Cette vidéo de Brut Nature nous invite à reconsidérer notre perception du rat, cet animal intelligent, social et adaptable qui partage notre environnement depuis des millénaires. Derrière les préjugés et la répulsion instinctive se cache un mammifère aux capacités étonnantes, dont l’étude nous en apprend autant sur lui que sur nous-mêmes et notre tendance à catégoriser le monde vivant selon des critères parfois arbitraires.
Si sa présence en ville doit être contrôlée pour des raisons sanitaires et pratiques, le rat mérite certainement plus de respect que la répulsion qu’il inspire généralement. Comme bien souvent, c’est la connaissance qui permet de dépasser les préjugés et d’adopter une vision plus nuancée de notre cohabitation avec les autres espèces.
Entre nécessité écologique et nuisance potentielle, entre objet d’étude scientifique et compagnon affectueux, le rat nous rappelle la complexité de nos relations avec le monde animal et l’importance d’une approche équilibrée, loin des extrêmes de l’idéalisation ou de la diabolisation.
Source : Vidéo “Le rat” de la chaîne Brut Nature sur YouTube.